FAIRE et
NE-PAS-FAIRE
La vraie
question n'est pas :
« Être ou ne pas être », mais
« Faire ou ne-pas-faire »
Le « faire »
désigne tout ce que nous faisons d'ordinaire, de
quotidien, de routinier, ou même de nouveau
selon les désirs de notre ego. Tout ce qui fait
partie d’un ensemble pour lequel nous avons une
explication cognitive. C'est notre action
habituelle qui prend son énergie dans les trois
"P" (Peur, Plaisir, Pouvoir).

Le « non-faire »
est un élément étranger à cet ensemble qui
permet de sortir des conditionnements des désirs
de l'ego.
Le véritable défi
consiste à trouver un système de comportement,
conscient et inhabituel, qui ne soit ni
insignifiant ni capricieux, mais qui combine la
moralité et le sens de la beauté. Par
exemple, quelqu’un qui parle beaucoup pourrait
décider de ne parler qu’en posant des questions
et en répondant par « oui » ou « non ». Toute
son attention se concentre alors sur cette façon
inhabituelle pour lui de communiquer.
Notre attitude ordinaire est généralement
rationnelle. Elle utilise notre côté droit,
relié à notre cerveau gauche. Nous croyons
connaître les choses. Mais que connaissons-nous
? Uniquement la forme des choses, leur aspect
déductif, logique, méthodique et raisonnable.
Pire encore, nous croyons même décider avec
notre côté droit nos actions. Il n’en est rien.
La seule chose que notre côté droit peut faire,
c’est prendre conscience de la décision qui est
prise par notre côté gauche. Le côté droit ne
sait pas que la décision relève du côté gauche.
Quand nous « prenons une décision », nous
reconnaissons uniquement que le cadre général de
note prétendue décision a été établi
indépendamment de notre compréhension logique.
Tout ce que nous faisons, c’est d’acquiescer et
de choisir les détails insignifiants pour
accomplir la décision prise par le côté gauche.
Ces petits choix secondaires renforce encore
l’impression que nous décidons rationnellement
avec le côté droit.
Ne-pas-faire, c'est faire à partir de
l'intelligence intuitive du coeur et non de l'intelligence rationnelle du mental.
Un
paysan illettré du nom de Hui-Neng était élève
du cinquième patriarche du bouddhisme zen, Hung-Jen.
Le Maître vit tout de suite son acuité et son
entendement.
Au moment de trouver un successeur, le maître
demanda à ses moines de soumettre le meilleur
poème exprimant leur compréhension de
l'enseignement du Bouddha. L'ensemble des moines
ne fit rien pour entrer en compétition avec le
moine-chef.
Ce dernier décida de soumettre son poème
anonymement, ne s'en réservant la paternité que
dans le cas où le patriarche l'approuverait. Il
déposa donc, au cours de la nuit, le poème
suivant, dans le corridor donnant accès à la
demeure du maître :
« Le corps est l’arbre
de Bodhi ;
L’esprit est comme un miroir brillant dressé;
Prenez soin de l’essuyer constamment,
Et de ne permettre à la poussière d’y adhérer »
[Voilà ce qu'est la Folie-contrôlée du Guerrier]
Le matin suivant, le patriarche lut cela et
ordonna que l'on fasse brûler de l'encens devant
lui, déclarant que tous ceux qui avaient mis en
pratique ce poème seraient capables de réaliser
leur véritable nature.
Mais lorsque le moine-chef se trouva en
tête-à-tête avec lui, pour lui révéler qu'il en
est l'auteur, le maître lui dit que son
érudition était correcte, mais que son
entendement était loin d'être parfait.
Le jour suivant, un autre poème fut déposé à
côté du premier, dicté la nuit même par Hui-Neng
à un moine qui voulut bien écrire ce texte jugé
insolent :
« Il n’y a jamais eu
d’arbre de Bodhi*,
Ni de miroir brillant dressé;
Aucune chose n’existe fondamentalement,
Où donc la poussière peut-elle adhérer ? »
[Voilà la conscience du Guerrier intérieur]
Le patriarche savait que seul Hui-Neng était
capable d'avoir écrit cela. Il lui conféra alors
le patriarcat. Hui-Neng mourut en 713 après
avoir donné l'élan nécessaire au bouddhisme zen.
Ce fut le dernier patriarche.
Le Bouddha nous donna sa doctrine pour
éclairer le monde et la méditation Vipassana
pour suivre la voie de la libération; le Christ
nous donna sa vie et l’Amour inconditionnel.
Cette doctrine du Bouddha permet la formation du
caractère. L'homme apprend à se comprendre, il
arrive à se connaître lui-même comme une unité
complète et complexe, une réplique en miniature
du monde extérieur. Il arrive par l'étude des
lois de son propre être à la compréhension du
Soi, et à une réalisation par l’expérience des
lois fondamentales du système.
Alors, arrivé à la cessation de tout désir, tout
devient égal. Le Guerrier est devenu
parfaitement équanime. Il sait que rien de réel
(immuable, éternel) ne peut être menacé et que
le « reste », irréel, n’existe pas. Alors,
pourquoi agir ?
Ici intervient son pouvoir de choisir. Il peut
vouloir se libérer pour ne plus jamais se
réincarner, et aider à partir de plans
d’existences plus subtils ou servir l’humanité
dans son corps physique. S’il est conscient de
tout cela, sans désir comme motivation, le
Guerrier intérieur utilise sa
folie contrôlée et choisit un
Chemin-qui-a-du-cœur.
« Faire ou ne pas faire, là est la question ».
Et non pas être ou ne pas être, qui n’est pas
une question mais un état.
Le Guerrier Intérieur qui sait que rien
n’existe, comme Hui-Neng, utilise sa folie
contrôlée pour agir dans le monde et faire comme
s’il ne le savait pas. Il applique alors le
poème du moine-chef.
En réalité, il sait que:
Rien de réel ne peut être menacé;
Rien d’irréel n’existe.
En cela réside la paix de Dieu.
[UCEM]
*
Bodhi ou Boudhi= Connaissance
parfaite = partie inférieure de l’âme incluant
aussi le plan atmique.
« Tout ce que
nous devons décider, c’est que faire du temps
qui nous est imparti. »
Tolkien |